Très tôt passionnée de mécanique et de belles carrosseries, Caroline "blaksonnait" la 403 familiale ou débouchait le gicleur de la 2 cv maternelle dès l’âge de 10 ans, cherchant à comprendre par quel miracle le fait de tourner une clé faisait démarrer un moteur… Après avoir suivi l’Ecole des Beaux Arts de Clermont-Ferrand et la faculté de Lettres (Histoire de l’Art et Arts Plastiques), elle devient enseignante par "sagesse" mais la passion de l’auto restait omniprésente.
Enfant, Tristan assemblait et collectionnait les maquettes du commerce, et lorsqu’il ne trouvait pas le modèle souhaité, il le réalisait lui-même en résine ! Il eut ensuite un début de vie professionnelle "raisonnable" en créant son laboratoire de prothèse dentaire et exploitant celui-ci durant une vingtaine d’années.
En 1984, ils se rencontrent au détour d’un circuit automobile, abandonnent leurs activités respectives et très vite mettent en commun leurs vies et leur passion. Ainsi naissait l’Atelier Fournier, maquettisme automobile au 1/8ème. Ils fabriquent sur commande des maquettes qualifiées d’orfèvrerie, très détaillées, très mécaniques et surtout entièrement réalisées à la main, ce qui en fait des pièces uniques. Le souci d’authenticité, la qualité des matériaux et les finitions exceptionnelles enthousiasment très vite les amateurs d’art comme Hervé OGLIASTRO-VUITTON, Pierre BARDINON ou Alain PROST…
Déjà sortent des BUGATTI Brescia de 1920, Type 19 Indianapolis de 1914, Type 22 de 1913, Type 18 Roland Garros de 1912, Type 37 de 1925, une ROLLS-ROYCE Legalimit de 1906. La question classique et flatteuse qui leur est posée systématiquement est de savoir si le moteur fonctionne. Malheureusement la résistance des matériaux ne le permet pas à cette échelle et de toutes façons, Caroline et Tristan ne réalisent pas des jouets mais des objets d’art statiques, même s’ils s’emploient pour leur plaisir et celui des clients à faire fonctionner sur le modèle tout ce que l’on peut manipuler.
Bientôt suivent des demandes de FERRARI : d’abord une 308 GTB , puis cinq Daytona de course et une version route beaucoup plus sophistiquée, avec ses phares escamotables depuis le tableau de bord, les essuie-glace balayant le pare-brise, et le déverrouillage du coffre et de la trappe à essence depuis deux manettes à l’intérieur. Exposée à l’Hôtel Byblos de Courchevel, la première Daytona retint l’attention d’Alain PROST qui leur conseille de réaliser la F 40 avec les mêmes matériaux que la vraie, à savoir en carbone-kevlar pour davantage "coller" à la réalité ! Peu après, Jean REDELE, créateur des Alpine RENAULT, leur prodigue le même conseil. Caroline et Tristan décident de relever le défi et abandonnent provisoirement la tôle martelée pour apprendre à manipuler les matériaux composites. Le résultat final est si convainquant que cinq exemplaires sont commandés successivement.
Il ne fallait pas abandonner pour autant les bugattistes : vont suivre un type 32 (Grand-Prix de Tours 1923) et un type 57G (Le Mans1937), tous deux surnommés "Tank" en raison de leurs carrosseries profilées qui tranchaient avec les formes dépouillées des voitures de course de l’époque. Pour réaliser le type 32, Caroline et Tristan se rendent au Musée de MULHOUSE où se trouve le seul exemplaire authentique survivant. Ils se lancent dans la création d’une maquette très mécanique, où l’accélérateur actionne la tringlerie des carburateurs, le frein à main serre les mâchoires dans les tambours AR, le levier de vitesses permet de sentir les crans de chaque rapport, etc…. La type 57G bénéficiera du même genre de mécanismes fonctionnels ; à signaler en plus le réglage de l’avance à l’allumage depuis un levier au tableau de bord qui commande, par renvoi de tringlerie et de rotules, la rotation de la magnéto ! Des photos d’époque fournies gracieusement par la petite-fille du pilote victorieux Robert BENOIST ont permis de reproduire le pare-brise rabattable imposé par la réglementation en vigueur à cette époque pour les voitures à 2 places disputant les 24 Heures du Mans.
Arrive ensuite la commande de l’AUTO-UNION type C de 1936, voiture de course de conception révolutionnaire pour l’époque… Cette maquette fut primée en 2005 par la S.E.M.A. (Sté d’Encouragement aux Métiers d’Art).
Enfin, ils décident d’accentuer le côté objet d’art en choisissant de réaliser une pièce où une patine à l’acide remplace la peinture, les ailes sont en acajou verni, la banquette "Chesterfield" en peau d’agneau, les accessoires dorés à l’or fin 24 carats et la lanterne arrière munie d’un cristal rouge SWAROVSKI : la BUGATTI Type 22 de 1914 !... qui obtint le prix de la S.E.M.A. en 2008.